Le sumo au Japon, un sport vénéré
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Dans l'arène circulaire, des colosses en pagne s'affrontent selon des rituels immuables. Plus qu'un simple sport, le sumo incarne une tradition sacrée au cœur de la culture japonaise. Entre discipline, honneur et spectacle, il fascine autant qu'il impressionne. Découvrez dans cette revue l'essentiel à savoir sur le sumo au Japon.
Le sumo : origine et définition
Le sumo trouve ses origines dans les récits fondateurs du Japon ancien, où il était lié aux pratiques religieuses shintoïstes. Bien avant d'être un sport, il s'agissait d'un rituel destiné à honorer les divinités et à assurer la fertilité des terres. Au fil des siècles, la discipline a évolué pour devenir un spectacle codifié à la cour impériale, puis un art martial utilisé par les samouraïs. Ce n'est qu'à partir du XVIIe siècle qu'il prend la forme moderne connue aujourd'hui. Le sumo incarne ainsi un héritage vivant, entre tradition spirituelle, transmission culturelle et discipline ancestrale exigeante.
Quelles sont les règles et rituels liés au combat du sumo ?
Le sumo se distingue par une codification stricte, à la fois dans les règles de combat et dans les rituels qui l'entourent. Chaque lutteur, appelé rikishi (lutteur de sumo), adopte un nom de scène spécifique et combat sans distinction de poids. Cela rend chaque affrontement imprévisible. Tous portent un mawashi, sorte de ceinture traditionnelle, et arborent une coiffure en chignon typique. Avant le combat, les deux adversaires montent sur le dohyō (arène de combat), une plateforme circulaire en terre battue, après avoir été annoncés par le yobidashi. Le rituel de purification débute alors, avec des gestes codifiés tels que le shiko (élévation des jambes), le lancer de sel et le rinçage symbolique de la bouche.
Ce cérémonial shinto vise à éloigner les impuretés et à préparer mentalement les lutteurs. Le combat commence dès que les deux rivaux impliquent leurs poings au sol et se heurtent violemment dans un tachi-ai. Pour remporter, il faut projeter son adversaire hors du cercle ou le forcer à toucher le sol avec une autre partie du corps que les pieds. Le moindre faux pas, comme la perte du mawashi, entraîne la défaite immédiate. Chaque rencontre mêle force brute, maîtrise de la technique et respect du rituel. Le vainqueur se distingue non seulement par sa puissance, mais aussi par sa discipline et sa capacité à incarner l'esprit du sumo.
Les techniques utilisées au cours du sumo
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Dans l'arène circulaire du sumo, la stratégie ne repose pas uniquement sur la force brute. Chaque affrontement mobilise une panoplie de mouvements précis, hérités de traditions séculaires et réglementées par des règles strictes.
Les projections par saisie de la ceinture
Parmi les techniques les plus courantes, celles impliquant une saisie du mawashi sont redoutablement efficaces. En agrippant fermement la ceinture de l'adversaire, le lutteur peut déséquilibrer et projeter ce dernier en dehors du cercle. Ces mouvements exigent à la fois force, agilité et une parfaite stabilité et enracinement. Voici quelques exemples typiques :
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Uwatenage : projection avec une prise extérieure sur le mawashi
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Shitatenage : projection intérieure en tirant vers le sol
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Yorikiri : forcer l'adversaire à sortir du cercle en le poussant directement
Les frappes autorisées pendant le combat
Certaines actions offensives sont tolérées dans le sumo, à condition qu'elles respectent les règles. Les gifles ouvertes, les coups d'épaule et les poussées directes sont utilisées pour désorienter l'opposant ou le faire reculer. En revanche, toute attaque portée avec les poings fermés, tout comme les gestes violents visant les parties sensibles du corps (yeux, gorge, bas-ventre), sont strictement prohibés. Ces frappes ne sont pas seulement un moyen de créer un impact physique. Elles servent également à créer une ouverture dans la garde adverse, permettant d'enchaîner rapidement avec une projection ou une poussée décisive.
Les déséquilibres et contres
Le sumo repose aussi sur l'art de profiter du déséquilibre de l'adversaire. Les techniques de contre cohérentes à exploiter la force ou la poussée de l'autre pour l'amener au sol ou hors du cercle. Cela demande beaucoup d’intuition et de rapidité d’exécution. Quelques exemples notables :
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Tsukiotoshi : poussée latérale qui fait perdre l'équilibre
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Hatakikomi : coup vers le haut suivi d'une poussée vers le bas
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Uwatedashinage : projection en reculant pour attirer l'adversaire vers l'avant
Les poussées directes et charges frontales
Dès le début du combat, les lutteurs peuvent choisir une approche plus directe. En optant pour une avancée frontale ou un impact violent, ils cherchent à dominer rapidement la confrontation. Ce type de technique, souvent spectaculaire, repose sur l'explosivité, l'équilibre et la coordination.
Quel est le mode de vie des combattants du sumo ?
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La vie d'un combattant de sumo repose sur une discipline quotidienne stricte, structurée autour de l'entraînement, de l'alimentation et du respect des traditions. Bien loin de l'image d'un simple sport de contact, le sumo impose un véritable mode de vie où chaque geste, chaque instant de la journée est codifié. Entre exigences physiques, pratiques collectives et hiérarchie stricte, ce quotidien vise à façonner un corps puissant et un mental résistant.
Moment de la journée |
Activité principale |
5h00 - 10h00 |
Réveil très matinal, échauffement puis entraînement intensif à jeune. |
10h00 - 11h00 |
Bain collectif pour récupérer après l'effort. |
11h00 - 12h30 |
Déjeuner copieux à base de ragoût protéiné et de riz. |
13h00 - 15h00 |
Sieste obligatoire afin de favoriser la prise de masse. |
15h00 - 17h00 |
Corvées et passage chez le coiffeur pour le chignon. |
19h00 - 20h00 |
Deuxième repas riche. |
20h00 - 22h00 |
Temps libre limité et coucher tôt. |
Ce cadre de vie rigoureux vise à optimiser les performances tout en respectant les coutumes du sumo, où chaque détail compte.
Quels sont les rites et coutumes qui entourent le ring de sumo ?
Autour du dohyō , l'ambiance mêle tradition et ferveur populaire, créant une expérience à la fois solennelle et animée. Loin des événements modernes dominés par la technologie, les tournois de sumo (basho) conservent une mise en scène empreinte de symboles. Aucun écran géant ne vient perturber la vue du ring ; tout est centré sur les lutteurs et les gestes codifiés. Avant chaque combat, une cérémonie d'avant-combat marque symboliquement l'ouverture du duel, incarnant le respect mutuel et la spiritualité du moment.
Le public, bien que respectueux, exprime bruyamment son enthousiasme, surtout lors des duels entre figures emblématiques. Parmi ces dernières, le yokozuna (grand champion) est vénéré pour sa puissance autant que pour son exemplarité morale.
Où et quand suivre le sumo ?
Le sumo, sport national emblématique du Japon, se pratique essentiellement dans les grandes villes du pays, avec une concentration notable dans la région de Tokyo. Les principales compétitions se tiennent dans des salles spécifiques appelées kokugikan , véritables sanctuaires dédiés à cette lutte traditionnelle japonaise.
Les combats suivent un ordre hiérarchique : les sportifs de rang inférieur ouvrent la journée, tandis que les affrontements les plus attendus se déroulent en fin d'après-midi. Les grands tournois ont lieu en :
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janvier, mai et septembre à Tokyo ;
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mars à Osaka ;
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juillet à Nagoya ; et
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novembre à Fukuoka.
Suivre un tournoi est une expérience unique, riche en rituels, intensité et tradition japonaise.